Interview: Maxime Vachier-Lagrave

18 septembre 2006

Maxime Vachier-Lagrave, qui aura 16 ans en octobre prochain, est le benjamin du tournoi. Déjà quelques titres à son actif: champion de France à 14 ans des moins de 20 ans, vice-champion du Monde des moins de 14. Il passe avec mention très bien son baptême du feu dans les échecs professionnel, 3ème au championnat de France en 2005 et une excellente 6ème place au très fort tournoi Aeroflot de Moscou cette année.

GB: Bravo Maxime pour cette victoire, tu n’étais que le 5ème Elo ! Etienne Bacrot avait gagné la première édition à 16 ans, tu es donc le plus jeune champion à avoir remporté le Young Masters. Est-ce le meilleur résultat de ta carrière?

MVL: Oui avec celui de l’Aéroflot où j’ai battu plusieurs 2600. C’est un très fort tournoi et je suis très content de l’avoir gagné.

GB: Pour ta seconde participation tu as bien débuté ici à Lausanne. Battre le solide Polonais Wojtaszek, puis Gashimov tête de série numéro 1 n’était pas une mince affaire.

MVL: Les deux premiers matchs étaient difficiles, heureusement j’ai bien joué en rapide. Ce sont d’ailleurs peut-être mes meilleures parties du tournoi.

GB: Qu’est-ce qui c’est passé ce matin? Tu avais pourtant la partie bien en main contre Wang avant de t’écrouler sur la fin.

MVL: Je n’arrivais plus à calculer, j’étais très fatigué. Je suis passé à côté d’une nulle, au lieu de 25.Tf1? il fallait jouer 25.Fxe4 Txf2 26.Fxc6 bxc6 27.Txa6=

GB: Comment as-tu abordé les rapides?

MVL: J’ai essayé de ne plus penser à ma défaite dans la partie lente. Jusqu’ici j’avais bien joué dans les rapides, il n’y avait pas de raisons que ça change. J’ai pu placer une préparation avec un sacrifice de qualité que je tenais en réserve. L’enjeu en valait la peine, au début on ne voit pas l’utilité de la poussée «e5-e6» puis après on se rend compte que l’on ne peut pas développer l’aile roi.

GB: Les échecs français se portent bien, après Joël Lautier et Etienne Bacrot, Maxime bientôt dans le Top 20?

MVL: C’est encore un peu tôt pour en parler, je me donne un an pour atteindre 2640 voir 2650.

GB: Et si tu dois désigner la relève, quel est le joueur le plus prometteur chez les juniors de l’Hexagone dans les moins de 16 ans?

MVL: Romain Edouard et peut-être Jules Moussard s’il confirme!

GB: Philippe Dubath dans la presse romande dresse ce portrait « Maxime veut être professionnel, mais pas n'importe comment. D'abord, il doit retrouver un club, le sien a cessé ses activités. Il n'aura pas de problèmes, mais c'est un souci quand même. Question sponsor, tout va bien: il est soutenu depuis pas mal de temps par un des grands cabinets de conseils de la planète. Et puis, il n'oublie pas les études. Ni le plaisir ».
Tu reconnais–tu?

MVL: Oui assez, malgré quelques imprécisions.

GB: Pour revenir sur un sujet lancinant, le « NAO CHESS CLUB » n’a donc pas encore trouvé repreneur?

MVL: Rien n’est fait, mais il y a encore plusieurs pistes à explorer.

GB: Depuis plusieurs années le GM Arnaud Hauchard te seconde. En quoi consiste exactement le travail d’un coach à ton niveau?

MVL: Essentiellement les préparations des parties, son apport d’idées nouvelles et son sens positionnel, sa grande expérience. C’est aussi le travail au quotidien.

GB: Qu’est-ce qui te plait le plus dans le jeu?

MVL: Le côté esthétique, la recherche de belles combinaisons. Sans oublier la performance…

GB: Y a-t-il un champion que tu idéalises. Quel est celui ou ceux dont l’apport te semble essentiel.

MVL: Fischer et Kasparov.

GB: En visant le professionnalisme, quel est ton objectif ? La situation des joueurs d’échecs au plus haut niveau devient de plus en plus préoccupante avec la disparition de nombreux tournois fermés. Voir d’anciennes gloires du Top 10 au delà de la quarantaine contraint de disputer des Open pour survivre ne te fait-il pas peur?

MVL: Trop tôt pour en parler, mais je n’écarte pas l’idée de devenir professionnel.

GB: En arrière pensée le titre mondial?

MVL: Je ne l’exclus pas

GB: As-tu un commentaire sur le match de la réunification qui va débuter à Elista.

MVL: J’espère que cela ramènera un peu d’ordre. Depuis 10 ans règne une certaine confusion au sommet des échecs mondiaux.

Georges Bertola
Responsable du Service de Presse